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Pêcheurs et défenseurs de la nature s'opposent au projet de station d'épuration de Mollkirch. Ils craignent pour les rivières et les captages d'eau potable et menacent de recourir à des actions sur le terrain si on refuse de les entendre.

"C'est un trou de verdure où chante une rivière "... L'endroit aurait pu inspirer Arthur Rimbaud. Mais ce n'est pas seulement pour montrer son caractère bucolique que les représentants des pécheurs et des défenseurs de la nature y ont donné rendez-vous hier. S'ils dénoncent l'emplacement où le syndicat d'assainissement de la Vallée de la Magel désire construire sa station d'épuration, ce n'est pas uniquement par égard au lieu. Mais parce qu'ils estiment qu'une installation à cet endroit ne résoudra pas les problèmes de la pollution de la rivière.


Dans la zone de captage d'eau potable de Gresswiller


(De g. à d.) Jean Friess, secrétaire d'Alsace Nature, Robert Erb, président de la fédération de pêche du Bas-Rhin et Claude Martin, président du Comité de Bassin Bruche-Mossig devant le pré où devrait être construite la station contestée.  (Photo DNA)

"C'est peut-être la première fois que naturalistes et pécheurs sont apposés à une station d'épuration ", soulignent-il, et ils expliquent pourquoi. Si tout le monde est conscient qu'il faut mettre fin à la pollution de la Magel, ils font valoir que la construction d'une station au lieu-dit Gressweillersteg, en contrebas du Kohlplatz, ne prendra pas en compte les 18 habitations, les locaux de société et le camping qui se trouvent en dessous et qui continueraient de déverser leurs eaux usées dans le cours d'eau.
Même traités, les taux rejetées par la station, risquent de polluer la Magel, rivière au faible débit, sur les 1 500 m en aval de la station, jusqu'à sa confluence avec la Bruche.
Enfin, souligne jean Friess, secrétaire d'Alsace Nature, on n'a pas pris en compte le ruisseau l'Entenbach, qui serpente ensuite dans la zone de captage d'eau potable de Gresswiller, avant d'arriver dans les étangs de pêche de cette localité.
Claude Martin, président du comité de gestion Bassin Bruche Mossig, rappelle que le Magel est une rivière de 1ere catégorie, classée pour accueillir les poissons migrateurs. Il souligne que des sommes très importantes sont dépensées en Alsace pour permettre la remontée des salmonidés alors qu'ici on va polluer le fond de la rivière avec du phosphore et d'autres substances nocives.
L'avis est partagé par Robert Erb, président de la fédération de pêche du Bas-Rhin, qui ajoute que le projet ne tient pas compte du développement de la vallée et que la station (prévue pour 2 800 équivalent habitants) risque de se révéler rapidement insuffisante.


Un avis défavorable lors de l'enquête publique en 2004


Comme alternative les défenseurs des milieux naturels préconisent soit de construire la station plus bas, sur un terrain de l'entreprise Siat-Braun, non loin de la gare de Mollkirch- Heiligenberg, soit de raccorder les conduites d'assainissement au réseau de la communauté de communes de Molsheim-Mutzig pour les faire traiter par la station de Molsheim.
Et l'un des responsables d'Alsace Nature, spécialiste de l'eau, de citer comme, exemple la vallée de Munster, où les eaux usées jusqu'à Metzeral sont traitées par Colmar. Il souligne aussi le caractère exceptionnel du site du puits de captage de Gresswiller, qui peut approvisionner jusqu'à 100 000 personnes. Or, on sait que le lit de la Magel perd de l'eau. Pour lui; "il est inconcevable qu'on cherche de l'eau en aval d'une station d'épuration! ".
Pour jean Friess, il s'agit aussi d'un mépris de la démocratie, puisque, si le principe d'une station d'épuration a obtenu un avis favorable, le rejet des effluents dans la Magel ainsi que le site retenu ont obtenu un avis défavorable lors de l'enquête publique en 2004.
Or, le 5 septembre dernier, le Coderst (Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques) a donné un avis favorable au dossier. C'est pourquoi, les responsables d'Alsace Nature et du comité de bassin Bruche Mossig ont demandé à voir d'urgence le préfet, à qui il incombe désormais d'autoriser ou non la construction de cette station. Les pécheurs, qui se disent " très remontés", menacent de recourir à des actions sur le terrain s'ils ne sont pas entendus.

H.B.
(Article paru dans les D.N.A. du 10 octobre 2006)


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